Pages

lundi 30 novembre 2009

RICHARD COEUR EN PRISON


Y Dor koué ?

Ayé, j’ai pris direction la zone de rétention des grands délinquants. Pourtant rien de ce que j’ai fait jusque là ne laissait envisager cet enfermement. On me traite de meurtrier, d’alcoolique, de fou du volant, tout ça parce qu’un soir de fête ma petite amie s’est retrouvée inerte, allongée agonisante. Pour moi tout avait bien commencé pourtant. Un job en or comme chauffeur de bus pour enfant, et une voiture toute neuve faisaient mon enchantement. Je fêtais un anniversaire, rien d’extraordinaire, à part, d’après les dires, une consommation excessive de bières. N’importe quoi, comme si quelques bières pouvaient me faire rouler à terre. L’alcool je contrôle, faut pas croire tout ce qui se dit. D’ailleurs je ne me suis pas privé pour en boire encore plus avec mes amis. C’est pour ça qu’ils ne m’ont pas pris mes clés quand j’ai dit que c’est moi qui conduis. Oui, ça c’est des potes, des vrais, ceux qui restent à tout jamais. Faut dire que depuis que je vis dans le quartier on a beaucoup partagé : la vitesse, le rhum, le vin, la bière, toutes ces choses qui maintiennent l’amitié. Alors comment peuvent-ils m’empêcher de prendre le volant après que j’ai payé ? Je tenais tellement à conduire ma voiture toute neuve même si je paraissais « pété ». Ma copine, elle ne s’est pas plainte, ni les 2 gars qui nous accompagnaient. Je contrôle et je n’ai pas honte de l’avouer en toute liberté, mais ce soir là je ne sais pas ce qui s’est passé. J’avais réussi quelques dépassements sans affoler mes passagers, jusqu’à ce que le pire arrive dans un fracas étourdissant. Ma voiture toute neuve n’a pas résisté au terrible accident. J’ai tout perdu comment je vais faire maintenant. Je n’ai pas eu le temps de me consoler qu’on m’annonçait un drame non moins émouvant. Ma copine, celle qui partageait ma vie est morte éjectée de la voiture, alors que les 2 autres ressortent de ma conduite avec de graves blessures. Pour ma part c’est indemne que je me rends au tribunal entendre ma sentence. J’ai pris un an de prison ferme pour avoir donné la mort et j’entends déjà certains, parler de clémence. Ce soir je dors en prison et je me demande si je vais encore m’adonner à la boisson. De toute façon j’ai un an pour me fondre dans l’eau tel un poisson. Je reviendrai dans mon quartier retrouver ceux que j’aime. J’y reviendrai pour que chacun se rende compte si je suis encore le même. J’admets tous mes torts et je suis prêt à supporter mon malheureux sort. Mon corps se souviens encore de cette nuit où l’on ma interpellé tel un survivor. Je me sentais fort à bord de ma caisse, ma déesse, que je vénérai comme de l’or. Tellement fort que je n’avais pas peur d’un rendez vous avec la mort. La preuve, moi Richard, je suis là pour en parler pendant que d’autres…