Pages

lundi 31 janvier 2011

LE COQ DU VILLAGE


Y Dor koué ?

Ayé, alors à qui le tour, hein, à qui le tour ?? La question n’arrête pas d’être posée chaque jour. Tout avait pourtant si bien commencé pour le petit gosse du quartier. Enfant voué à l’échec il était celui sur lequel on n’aurait pas parié. L’argent pourtant fallait en gagner tout le temps par tous les moyens. L’argent il en fallait pour ne pas être considéré comme un bon à rien. Alors quelques petits chapardages ont permis de construire une réputation, mais heureusement, de petit chenapan il est vite passé à grand champion. Bon fallait pas trop lui demander de causer après chacun de ses combats. Parce que répondre aux questions en bon français ça il ne sait pas. Lui son langage c’est coup de pied, coup de poing, coup de genou. Occasionnellement il rajoute des coups de tibias voire des coups de coudes. L’important c’est de rester debout peu importe si la figure comporte quelques « boubou ». Le gout du sang qui s’écoule. Ce sang qui attise et attire la foule. Le champion ne veut pas en perdre une miette. Qui ose se mettre sur sa route recevra plus qu’un simple uppercut. Deux, trois « taba dan la guèl » pour montrer c’est qui le maître. Pas besoin d’être armer, lui c’est avec son corps qu’il vous fait votre fête. La fête, beaucoup l’ont fait au soir de sa mort, découpé en petit morceau par ces faibles qui le voyaient trop fort. Seul contre tous impossible d’échapper à toutes ces lames. Seul contre tous impossible de ne pas rendre l’âme. Est-il allé au paradis ou en enfer, j’en connais qui consultent déjà marabouts et autres femmes d’affaires. Car qu’on le veuille ou non, eux aussi finiront à six pieds sous terre…