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vendredi 5 février 2010

PARTIR OU RESTER


Y Dor koué ?

Ayé, partir ou rester il serait temps de définir ce qu’il faut faire. Je me souviens d’un endroit où vivait plusieurs familles tous solidaires. La télé jouait encore en noir et blanc, et le journal local était présenté par Souliman BANIAN, journaliste localement connu et je me demande s’il est toujours vivant. Quel âge j’avais je ne le sais même plus. Je me souviens juste que j’avais encore l’âge de jouer tout nu. Nu pied je courais et je rentrai chez les uns et les autres, recevant au passage quelques claques le long du dos. « Fenergan » ma mère appelait ça. Genre quand t’en prend une tu cours vite dans tes draps, car aussi bizarre que ça puisse paraitre, c’est le type de traitement qui te fait faire de très bonne sieste. Au fil des ans la famille a dû se disperser. Le Barachois, là où on créchait, commençait à se transformer. Pas encore de camion bar spécialisé en bouchon gratiné, juste des boutiques chinoises où l’on chapardait des sucettes « kojak » au gout très particulier. La crise ne date pas d’aujourd’hui. Je le sais parce que petit je l’avais déjà subit. On a dû déménager, quitter notre quartier délabré, pour aller dans un immeuble se taper 5 étages via les escaliers. Normal je me disais, ça doit être comme ça dans toutes les citées, avant de me rendre compte que les ascenseurs pouvaient exister. Ces escaliers je les ai foulés matin et soir pour aller à l’école des Badamiers. Premier en sport et en français je n’ai pourtant pas eu le succès tant mérité. Premières années d’école qui diagnostiquent une vue pas très nette. Premières années d’une existence avec l’obligation de porter des lunettes. Les années collège se font terribles, pénibles en cette période d’adolescence. Aucun regard féminin qui se pose sur ce corps ignoré par Maitre Beauté, parti en vacance. La coupe afro et des jumelles en guise de verres correcteurs, seuls artifices exploitables pour faire chavirer les cœurs, sèment la terreur parmi ces demoiselles, il est vrai encore mineurs. Depuis le lycée la donne a bien changé, et je ne vous raconte pas cette liberté savouré à l’université. Ceux qui ont fréquenté savent précisément tout ce qui s’y passe. On y fait de belles rencontres sans avoir besoin d’aller à la chasse. L’international est à porté de lèvres, quoi que par moment il a fallu déverser sa sève, prouver ce dont on est capable, jouer de son expérience, être un homme, assurer l’instant sans avoir bu une seule goutte de rhum. Partir ou rester il a fallu faire un choix. Choisir de rester et se retrouver entrainer dans de nouveaux ébats, ou choisir de partir et se retrouver dans des discussions qui finissent toujours en débats. Qui va là me dit ma mère dès que je rentre chez moi. Qui va là car quand j’arrive le soleil est encore très bas. Le sommeil est réparateur à ce qu’il parait. Parait aussi qu’il permet de se ressourcer. Je ne sais pas ce que je dois considérer comme vérité, mais il est clair qu’avec l’âge j’ai compris où est mon intérêt. Rien ne sert de courir il faut savoir se montrer patient. Plus la peine de se fatiguer surtout que je n’ai plus 20 ans. J’attends l’instant où se décanteront mes plus profonds ressentiments. Partir ou rester il serait temps de définir ce qu’il faut faire. Faire le mur, partir serait une solution envisageable, mais que me restera-t-il si ce que je vise s’égraine comme un château de sable. La peur au ventre j’avance à petit pas, pour ne blesser personne, pour ne pas froisser qui que ce soit. La chance me sourira sans doute mais encore faut-il que j’y crois…Encore faut-il que j’y crois…

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