Pages

samedi 25 juillet 2009

LA GRANDE TRAVERSEE


Y Dor koué ?

Ayé, le bateau ce n’est vraiment pas fait pour moi. Je me rappelle d’une époque où avec quelques collègues on préparait notre diplôme d’État. On a monté vite fait un projet bidon histoire de valider notre prochain séjour. On s’est arrangé ardemment pour récupérer un max de fric pendant et hors des heures de cours. Et pour faire encore plus d’économie, on décide même de voyager en bateau plutôt qu’en avion. Une idée géniale au premier abord mais dieu que j’ai pu regretter d’avoir pris cette décision. Pourtant on ne voyageait pas loin. L’île Maurice était toute proche mais jamais je ne l’avais vu aussi lointaine. En avion y en avait pour 30 minutes à tout casser. En bateau c’était 5 heures en mer qui nous attendait. Cette année là c’était l’Ahinora qui faisait encore le trajet. A bord c’était grand confort, toilette et passerelle en libre accès. Bin oui, dès qu’on avait pris la mer un étrange ballet s’était mis en mouvement. J’ai vu des gens courir dans tous les sens bizarrement. Mais que se passe-t-il ? Je me suis dit en les voyants s’agiter ainsi. Même certains de mes collègues s’y étaient mis. Eux aussi cavalaient sans prévenir vers ces portes où étaient inscrit « exit ». Je les ai tous vu regarder quelque chose par-dessus bord. J’ai même cru qu’ils allaient tomber en les voyant pencher ainsi leur corps. Je suis allé voir ce qui se passait et c’est là que j’ai tout compris. J’ai vu des liquides de toutes les couleurs voltiger avec une grosse odeur de pourri. Ça dégueulait sans retenue et ça ne faisait que 20 minutes qu’on était parti. Je suis resté calmement assis en attendant que ça se passe, mais face à moi une Mauricienne vêtue d’un sublime sari faisait de douloureuses grimaces. Dans sa main elle tenait un sachet qu’elle serrait fortement. Je ne vous dis pas le nombre de fois où elle l’a ouverte pour s’en servir comme récipient. Le contenu me rendait malade rien qu’à la regarder, mais je refusais d’être aussi crade en me délestant de tout ce que j’avais mangé. J’ai tenu ainsi 5 heures jusqu’à l’île Maurice. Il faisait nuit à notre arrivée et on a subit l’habituel control de police. Dès lors, certains voulaient se raviser en exprimant le souhait de rentrer par les airs. L’air de rien je faisais mon fier, mais je crois que j’aurais aussi voulu éviter un retour via la mer. Après une semaine passée sur l’île sœur, l’Ahinora nous tendait de nouveau ses bras. Pour éviter les désagréments de l’aller, le veille j’ai fait nuit blanche en écumant quelques bars. Bien fatigué donc, j’ai laissé le sommeil me porter jusqu’à la Réunion. Quand j’ai ouvert les yeux je sentais bien que certains étaient toujours sous tension. On était arrivé mais personne ne pouvait mettre pied à terre. Moi je m’en foutais, je n’avais pas vraiment de quoi être en colère. Mes camarades, eux, se retenaient, avec le bateau qui tanguait, pour ne pas vomir leur courage. Ils avaient du mal à comprendre comment j’ai pu faire une traversée aussi sage. Sagement je quittais ce bateau tout crasseux. Précipitamment mes collègues regagnaient la terre ferme raconter cet aller retour bien baveux. J’ai fait une fois Réunion/Maurice en bateau. Peu importe le prix du billet, dorénavant c’est dans les airs que j’accepterais de voir l’eau. L’île Maurice vaut le détour mais si j’ai un conseil à vous donner… en bateau, ne manger pas trop

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire