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samedi 31 mars 2012

JE M'APPELLE MOHAMED


Y Dor koué ?

Un matin la religion est venue me voir pendant que j’étais allongé sur un lit. Quel était son visage je ne sais plus, faut dire que j’étais encore un peu endormi. Je ne souffrais d’aucune maladie, j’avais déjà la grande forme petit. Mes parents me l’ont présenté simplement telle une amie de la famille. Quel âge j’avais, peut-être 4 ou 5 ans, peut-être plus, peut-être moins. Elle m’a regardé, je l’ai regardé pendant que mes parents me tenaient la main. Elle m’a demandé de rester sage, de ne pas m’inquiéter c’était bientôt la fin. Elle a récité quelques versets dont je ne comprenais pas du tout le sens. Elle a aussi rassuré mes parents quant à ma croissance, mon adolescence. Moi je l’ai surtout entendu parler de douleur et de convalescence, puis elle s’en est allée comme elle est venue, sans un bruit. Je ne me souviens pas avoir pleuré sans doute pour rester poli. Quant à mes parents ils étaient ravis alors que moi j’étais dans l’embarras. Leur fils est un musulman et ça se voit dorénavant, c’est surtout ça.
La religion est souvent revenue me voir par la suite, honorant ce contrat qui nous unit et qui l’oblige à s’assurer de ma bonne conduite. Sans cesse elle s’est immiscée pour me rappeler  mes différentes obligations. Faire honneur aux coutumes, respecter les traditions. Au début j’y mettais beaucoup d’application pour que mes parents ne soient pas mis en accusation. Malheureusement je n’ai pas tenu le rythme sautant rapidement quatre louanges sur cinq. Rien de grave voilà ce que je me répétais continuellement, pour me convaincre que quoi qu’il arrive, quoi que je fasse, le bien fini toujours par vaincre. Sauf que tout est mis en œuvre pour me rappeler systématiquement à l’ordre. Pourtant la Chahada, la Salat, la Zakât, le Saoum, le Hajj, tout ça c’est dans mes cordes. Mais j’ai voulu qu’elle admette que ce n’est pas chez moi qu’il y a du désordre. Chez moi l’amour de son prochain existe et s’applique quelque soit sa foi. Chez moi la vie de l’autre a toute son importance et peu importe en qui il croit. Chez moi le cœur demeure tolérant très naturellement, tout est dans l’éducation donné, l’éducation reçu, car rien ne se fait accidentellement. Du coup elle a essayé, en vain, de me faire voir le monde à l’envers. Elle m’a dit qu’avec une myopie et une déformation de la cornée j’échapperai à tout ce qui se passe sur Terre. Ça a marché quelques temps, d’ailleurs de sa part c’était même très astucieux, mais objectivement c’est impossible que tout ce qui se passe ici bas soit l’œuvre d’un dieu. Non car il ne peut sacrifier autant d’âme à des êtres aussi maléfiques.
Je ne connais pas Le Coran comme d’autres en sont boulimiques. Ma connaissance se limite à ce que j’ai appris à l’école coranique. Un apprentissage basé sur la récitation et la répétition. Une lecture du livre sacré sans aucune explication de texte,  sans aucune discussion. Alors je dis tant mieux car je refuse de m’en servir comme un parapluie là où d’autres s’en servent pour justifier leurs tueries. Je suis un simple musulman intégré à la vie, conscient du cadeau qu’on lui a offert. Pardon si je déçois quelques uns, mes sœurs, mon frère, mais si le paradis se mérite, qu’ai-je fais d’aussi horrible pour mériter l’enfer ?
La religion n’a pas cessé de me fixer des rendez-vous. Malheureusement à chacune de ses visites j’ai gardé comme un arrière gout. Elle repassera me voir, comme elle l’a toujours fait. Je répondrai présent même si elle refuse de me parler. Je m’appelle Mohamed… moi aussi…  suis-je un démon une bête ? Je ne devrais pas me poser cette question en fait. La peine que je ressens démontre à elle seule que je ne suis pas du coté obscur. Je ne veux pas attendre de vivre ce genre de drame pour savoir ce que cela procure. Elle passera peut-être me voir cette nuit, me reprocher ce que j’écris ce que je dis… Et bien qu’il en soit ainsi…

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