Y Dor koué ?
Il est là, assis, adossé à un pan de mur bien effrité. Un
léger sourire égaye son visage que la nature a bien marqué. Il est là, paisible,
le regard droit et plein de sagesse. Il dégage une quiétude qu’on reçoit comme
une douce caresse. Aujourd’hui il a des invités dans son humble demeure. Des
étrangers qui d’habitude sont source d’inquiétude et peur. Des gens dont il n’a
aucune connaissance à part leurs origines. L’homme a la couleur locale, peu
bavard mais il a bonne mine. La femme a la peau blanche, celle qui attire toute
les curiosités. Tous deux partagent donc en ce jour de l’an un copieux déjeuner.
« Tu ne peux pas aller dormir chez la chèvre ou le
cabri, seul un être humain peut héberger un autre être humain » Voilà
comment cet hôte d’un jour résume son sens de l’hospitalité. Car tout avait mal
commencé pour nos deux complices attablés. Ils ont eu la sublime idée de faire
Nosy Bé – Diégo le premier jour de l’an. Ils y ont pensé un peu avant en
estimant que c’est un mauvais plan. Un pari risqué mais c’est ça l’aventure ils
se sont dit. Au port d’Hell Ville ils ne sont pas seuls mais ils constatent les
restes de la nuit. Le gestionnaire du port les accueille ivre de fête et bière
à la main. Il titube grandement tout en parlant et il n’est que 9h du matin. Ses
collègues et camarades de beuverie sont
dans le même état. Bourrés à ne plus savoir quoi faire avec tous les passager
qui sont là. L’énervement justement se fait sentir entre les différents
passagers. Ils sont nombreux visiblement et seulement deux navettes amarrées. Ça
se bouscule, ça crie légèrement, tout le monde veut une place. Ankify est à 45
minutes et pas question d’attendre la marée basse. Les tarifs sont revus à la
hausse malicieusement. Ceux qui ne peuvent payer resteront à quai
malheureusement. Pour nos deux aventuriers le vent à semble t’il tourné. Sans
qu’ils aient déboursé les voilà subtilement embarqués. Ni vus ni connus ils
sont installés pour la traversée vers Ankify. Un léger frisson dans le dos
juste par crainte d’être surpris mais le voyage est sans encombre et sans un
sous dépensé. C’est sûr que dorénavant ils feront la grasse matinée le 1er
janvier. Maintenant il faut trouver un taxi pour aller à Diego. On regarde à
gauche, on regarde à droite et résultat : zéro. Rien… rien à part ce gars
là, venu avec sa voiture personnelle. Une voiture qui sert aussi de taxi et pas
de manière occasionnelle. 5 places à bords mais lui assure qu’il peut en transporter
plus. 5, 6, 7, 8 et c’est parti pour Ambanja à la recherche d’un taxi bus. Sauf
que le 1er janvier même les restaurants sont tous fermés. Pareillement
pour les hôtels qui affichent quasi tous complets. Alors après avoir déposé ses
autres passagers, le taximan lance à nos 2 compères cette invitation venue d’ailleurs.
Une invitation qui surprend par sa grandeur mais que l’on sait issue du cœur :
venir déjeuner à son domicile avec l’ensemble de sa famille. Il n’a prévenu
personne et pourtant l’accueil ne se fait pas sans bruit. Cris de joie, bras
ouverts, embrassades pour rassurer. Wawa, vidéo et musique à fond la télé pour
faire danser. L’ambiance est festive en ce début d’année. Quoi de mieux quand
on failli rester à quai.
« Tu ne peux pas aller dormir chez la chèvre ou le
cabri, seul un être humain peut héberger un autre être humain » Voilà donc
comment cet hôte d’un jour résume son sens de l’hospitalité.
Il s’appelle Siaka et il est chauffeur de taxi à ses heures
perdues. Des heures qui ont transformé une rencontre en petit bonheur absolu. Des
souvenirs inoubliables au sein d’une famille qui ne demandent rien en retour, a
part juste garder le contact pour qu’on puisse se revoir un jour. Le contact
sera maintenu, il ne peut en être autrement. Un simple merci est tout
simplement insuffisant. La rencontre est belle et mérite qu’on y porte la plus
grande attention. Ne plus se perdre de vue car Ambanja est maintenant pour nous
une magnifique destination…
un jour j'irai là bas à ambaja ! c'est beau et ça le restera !
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