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mardi 12 février 2013

JOUR DE L'AMBANJA

Y Dor koué ?
Il est là, assis, adossé à un pan de mur bien effrité. Un léger sourire égaye son visage que la nature a bien marqué. Il est là, paisible, le regard droit et plein de sagesse. Il dégage une quiétude qu’on reçoit comme une douce caresse. Aujourd’hui il a des invités dans son humble demeure. Des étrangers qui d’habitude sont source d’inquiétude et peur. Des gens dont il n’a aucune connaissance à part leurs origines. L’homme a la couleur locale, peu bavard mais il a bonne mine. La femme a la peau blanche, celle qui attire toute les curiosités. Tous deux partagent donc en ce jour de l’an un copieux déjeuner.
« Tu ne peux pas aller dormir chez la chèvre ou le cabri, seul un être humain peut héberger un autre être humain » Voilà comment cet hôte d’un jour résume son sens de l’hospitalité. Car tout avait mal commencé pour nos deux complices attablés. Ils ont eu la sublime idée de faire Nosy Bé – Diégo le premier jour de l’an. Ils y ont pensé un peu avant en estimant que c’est un mauvais plan. Un pari risqué mais c’est ça l’aventure ils se sont dit. Au port d’Hell Ville ils ne sont pas seuls mais ils constatent les restes de la nuit. Le gestionnaire du port les accueille ivre de fête et bière à la main. Il titube grandement tout en parlant et il n’est que 9h du matin. Ses collègues et camarades de beuverie  sont dans le même état. Bourrés à ne plus savoir quoi faire avec tous les passager qui sont là. L’énervement justement se fait sentir entre les différents passagers. Ils sont nombreux visiblement et seulement deux navettes amarrées. Ça se bouscule, ça crie légèrement, tout le monde veut une place. Ankify est à 45 minutes et pas question d’attendre la marée basse. Les tarifs sont revus à la hausse malicieusement. Ceux qui ne peuvent payer resteront à quai malheureusement. Pour nos deux aventuriers le vent à semble t’il tourné. Sans qu’ils aient déboursé les voilà subtilement embarqués. Ni vus ni connus ils sont installés pour la traversée vers Ankify. Un léger frisson dans le dos juste par crainte d’être surpris mais le voyage est sans encombre et sans un sous dépensé. C’est sûr que dorénavant ils feront la grasse matinée le 1er janvier. Maintenant il faut trouver un taxi pour aller à Diego. On regarde à gauche, on regarde à droite et résultat : zéro. Rien… rien à part ce gars là, venu avec sa voiture personnelle. Une voiture qui sert aussi de taxi et pas de manière occasionnelle. 5 places à bords mais lui assure qu’il peut en transporter plus. 5, 6, 7, 8 et c’est parti pour Ambanja à la recherche d’un taxi bus. Sauf que le 1er janvier même les restaurants sont tous fermés. Pareillement pour les hôtels qui affichent quasi tous complets. Alors après avoir déposé ses autres passagers, le taximan lance à nos 2 compères cette invitation venue d’ailleurs. Une invitation qui surprend par sa grandeur mais que l’on sait issue du cœur : venir déjeuner à son domicile avec l’ensemble de sa famille. Il n’a prévenu personne et pourtant l’accueil ne se fait pas sans bruit. Cris de joie, bras ouverts, embrassades pour rassurer. Wawa, vidéo et musique à fond la télé pour faire danser. L’ambiance est festive en ce début d’année. Quoi de mieux quand on failli rester à quai.
« Tu ne peux pas aller dormir chez la chèvre ou le cabri, seul un être humain peut héberger un autre être humain » Voilà donc comment cet hôte d’un jour résume son sens de l’hospitalité.
Il s’appelle Siaka et il est chauffeur de taxi à ses heures perdues. Des heures qui ont transformé une rencontre en petit bonheur absolu. Des souvenirs inoubliables au sein d’une famille qui ne demandent rien en retour, a part juste garder le contact pour qu’on puisse se revoir un jour. Le contact sera maintenu, il ne peut en être autrement. Un simple merci est tout simplement insuffisant. La rencontre est belle et mérite qu’on y porte la plus grande attention. Ne plus se perdre de vue car Ambanja est maintenant pour nous une magnifique destination…

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