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dimanche 22 juin 2008

PIRE QUE BÊTE

Y dor koué ?

Ayé, c’est fini de rester chez soit à se tourner les pouces. Il est maintenant temps d’aller errer et faire admirer sa folie douce.
On m’avait dit ne fait pas ci ne fait pas ça. Qu’est ce que ça voulait dire, je ne savais pas, sauf que je voyais mes parents grimacés en me répondant. A les entendre à répétition, j’ai admis qu’ils ne voyaient en moi qu’un petit enfant.
On m’avait dit ne prend pas le gouter de tes camarades. Facile à dire quand pour s’en sortir faut jouer au Bad.
On m’avait dit tu ne dois pas taper plus petit que toi. Ah bon ! Mais comment je fais si je me fais taper par plus grand que moi.
On m’avait dit respecte les adultes qui te parlent. Je n’ai fait que ça, d’ailleurs voyez vous même le résultat.
On m’avait dit sois sérieux à l’école et sois très studieux. Désolé, je n’ai pas réussi à faire mieux que CM2 + 2.
On m’avait dit ne traine pas comme ça dans les rues. Mes amis en sont issus, pourquoi je devrais emprunter une autre voie sans issue ?
On m’avait dit tu finiras mal à penser ainsi. Mais ça je m’en fous car c’est ainsi que j’ai grandi.
On m’avait dit fout pas la honte et honore ta famille. Ma famille c’est tout ce que j’ai, qu’importe ma putain de vie.
On m’avait dit, on m’avait dit tellement de chose. Tellement de chose qu’au final ça ne représente que peu de chose.
On m’avait dit beaucoup mais on ne m’avait pas dit l’essentiel. Ce petit rien qui aurait empêché que je me retrouve soudain au ciel.
On m’avait dit tout ça mais on ne m’a pas dit que pour être anéanti, une seule rencontre suffit.
On ne m’avait pas dit que depuis longtemps l’homme a laissé place à l’animal. Que son comportement s’est transformé pour basculer vers le coté bestial. Pour que l’attaque soit fatale, faire sortir la dominante mâle. Pas d’échappatoire pour la proie qui voit fondre sur lui la meute. Aucune aide à entrevoir dans cette jungle urbaine, personne pour donner l’alerte.
On m’avait dit de faire attention, de prêter attention. Trop de tension dans l’air, j’ai dû fuir, prendre la sortie d’évacuation. On m’a rattrapé, agrippé, molesté. On me regarde pourtant mais qui pour m’aider ? Les coups s’enchainent et se déchainent en Freestyle pied poing. Ma seule défense est de ne pas attaquer mais en vain. La bête est féroce, tenace, et ne repart qu’une fois la mort venue. Une mort qui rode autour de moi sans aucune retenue. C’est la fin je le sens, je le sais. Sur ce carreau glacé je m’en vais définitivement me reposé.
On m’avait dit d’éviter tout problème, toute violence. Je pensais être en retard mais c’est bien elle qui était en avance. Je suis parti sans avoir rien laissé, sans avoir rien dit. Rien même pas un petit écrit.
On dira maintenant plein de chose de moi. Des choses qu’on ne m’avait pas dites lorsque j’étais encore ici bas. Continuez à parler, ça fait longtemps qu'on m'a oté l'envi d'écouter.

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